Brigitte Spinelli

PEINTURES

La peinture de Brigitte Spinelli explore une zone où se mêle l’attention à la matérialité de la peinture (tâches, traces, coulures) et l’organisation rêveuse qui relie ces traces picturales entre elles . L’énergie, constamment montrée, circule entre des « objets » qui la canalisent, la compriment, où qui la libèrent. Ces objets picturaux sont assez étranges, ils font écho à ces pictogrammes d’avant l’écriture, où la colline, la pluie, le nuage étaient brièvement évoqués, plus symboliquement que par un souci de description. Ce qui semble s’être imposé à elle vient visiblement de l’expressionnisme abstrait, du souffle libérateur qu’il représente avec son audace et cette sorte de mystique brute qui le traverse. Elle a, on le devine, ce même rapport avec la nature indomptée… quelque chose d’autre qu’une simple délectation face au paysage, un rapport plus « chamanique », un questionnement qui rappelle assez l’atmosphère spirituelle de l’expressionnisme. Cependant, elle ajoute à cette influence, la fraîcheur distante d’un humour caractéristique (avec un zeste de l’univers graphique des mangas). Cette rencontre de deux esthétiques qui pourraient paraître contradictoires participe à la vitalité de sa peinture, et sans doute à sa modernité par la force de confrontation qu’elle dégage. Il nous faut, je crois, pour bien comprendre, cesser de céder à cette fiction facile qui nous fait voir l’art comme une expression de soi. Ici en effet, penser en termes psychologiques serait réducteur ; ainsi la palette vive et acide, un peu pop-art, de Brigitte Spinelli renvoie-t-elle forcément à un joyeux carnaval ? N’a-t-elle pas l’éclat et la couleur nostalgique des jouets perdus ? Ainsi la rapidité du geste, sa nerveuse liberté, est-il le bien le contraire d’un calme serein, ou est-ce une vitesse déconnectée de tout choc émotif, tel un arc qui se détend ou la chute d’un flocon ? Et ceci, tout en restant fidèle à l’idée que l’art doit restituer aussi notre présent, que l’âme abyssale du monde doit émerger ici et maintenant. La peinture de Brigitte Spinelli mérite une attention particulière, car elle parle très bien de cette recherche libre, désordonnée, et si actuelle du sens dans les impasses oppressantes des nos sociétés.

Brigitte Spinelli painting explores an area where it combines the capture of the painting materiality (stains, draws, drips) and a dreamy organization which connects all those pictorials outlines. The Energy, persistently revealed, moves along “items” that frame it, compress it, or release it. Those pictorials items are rather peculiars; they are echoing those pictograms used ahead of writing time, where the hill, the rain, the cloud, and so on, were briefly evoked, more in a symbolic way rather than a true descriptive intent. What seems to have imposed itself on her is obviously the abstract expressionism, a liberating blow that depicts with its audacity and this type of raw mysticism which runs through it. She has got, we guess, an identical relationship with untamed nature…something different than just a simple delectation to the scenery, a relation more ‘shamanic”, a questioning that quite recalls the spiritual atmosphere of expressionism. Even so, she adds to this sway, the distant freshness of a characteristic humor (with a touch of the graphic universe of Manga’s). This encounter of two aesthetics that might seem contradictory contributes to the vitality of her painting, and without doubt to its modernity by the force of confrontation it emanates. We need, I believe, to well understand, stop conceding to this simple fiction which make us look at Art like a self-expression. Here, indeed, to think in psychological terms would be reductive; thereby, should the vivid and sharp palette, slightly pop-art, of Brigitte Spinelli, imperatively refer to a happy carnival? Hasn’t she got the radiance and the nostalgic color of lost toys? And this, while staying faithful to the idea that Art must also renders our present time, that the abyssal soul of the world must emerge here and now. Brigitte Spinelli painting deserves special attention since it tells very well this liberated research, chaotic, and so contemporary of the perception – we find – in oppressive impasses of our societies.

Je peins sur des planches de cartons de 80 cm x 120 cm et 5 mm d’épaisseur.

Je les additionne, les découpe.

Je contrecolle ensuite mon travail sur de grands panneaux d’alvéolaires.

Le tout est encadré par une professionnelle à mon écoute. J’ai fait le choix d’une caisse américaine en bois clair.

Le carton me permet de travailler mes coulures et l’acrylique très diluée ou épaisse. J’aime sentir mon crayon à papier ou mon stylo bille bleu s’enfoncer et graver la surface de ce support. La couleur carton, cette couleur chaude est ma teinte de fond, de départ.

Ce carton, cette teinte, c’est un épiderme.

Je marque cet épiderme !

L’épiderme, c’est la couche de notre enveloppe directement en contact avec l’extérieur, avec les autres. C’est aussi une protection, une source de sensations.

Mon carton est vivant !

« Je suis
une
cow-boy
toute
nue. »

Inspiration
–
De la composition d’un tableau
je cherche – incertitude et surprise à chaque fois –
J’attends, en travaillant, la formation et la naissance d’un évident mystère.
Transformer un sentiment impalpable d’angoisse existentielle en réalité poétique, un acte d’amour.
Rechercher le point de rupture et l’accident qui me fera basculer dans l’aventure créatrice et la découverte.
Et si c’est une mécanique qui se met en route – peindre, quel bonheur – le résultat de cette urgence n’est pas une énigme, c’est un mystère.
Une énigme implique des réponses
– pas de réponses –
Un mystère / une force vive, de l’univers à l’intime.
Le mystère pour moi, et j’espère, un mystère pour le spectateur.
D’un tableau que l’on reconnaît,
on y adhère,
il nous pénètre
nous remplit
nous réchauffe
nous console
nous déboussole
/ me console.
–
Expiration

Brigitte Spinelli peintures – contact@spinelli.fr